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aucun prix être témoin d’une découverte qui tournerait certainement mal. À la voix il était facile de penser que le duc de Bofighne fut irritable et brutal.

Le valet s’éloigna en hâte. Alors, prenant la lampe le duc la leva haut pour entrer.

Son premier coup d’œil ne fut pas pour le lit dissimulé derrière les gros tas de charbon et sur lequel Pygette, le cœur battant, enroulée dans son kimono, attendait sans savoir comment les choses allaient tourner. Sous elle elle entendait la respiration oppressée de Mme de Bofighne et songeait aux malheurs possibles.

— Tout ce charbon, il faudra le repousser dans le fond. On n’aurait sans cela pas de place.

Il tâta avec une canne.

Est-ce assez encombré, cette cave.

Et il fit deux pas entre les noires collines charbonneuses, se rapprochant ainsi du lit à le toucher.

Alors, comprenant que la minute tragique était venue, Pygette, d’un coup, s’allongea, jambes décloses en ouvrant le kimono qui la couvrait. Elle s’offrit ainsi sous la lumière qui la mettaient valeur, mais sans un mot, et grelottante d’émotion, d’attente et d’inquiétude,

Le duc fut figé net.

Il promena ses regards sur cette chair apparue comme par miracle et dit à voix basse :

— Ah ! ça ! Je rêve ?

Il regarda mieux. C’était bien une femme, et qui mieux est une femme nue qui devant lui venait comme de naître subitement.

— Qu’est-ce que ça signife, reprit-il, presque aussi interloqué que la victime étendue et provocante qui le guettait de ses yeux à demi-fermés.

Dans sa main la lampe oscillait tandis que le désir s’infiltrait dans sa chair à mesure que la contemplation de ce beau corps en précisait les valeurs érotiques.