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Pygette, inquiète et hésitante répondit :

— Heu… Je passais dans la cour lorsque j’ai entendu des menaces et j’ai cru qu’elles s’adressaient à moi. Je me suis sauvée ici.

— Qui menaçait ?

— Le concierge.

— Mais d’où descendais-tu ?

— De chez un Anglais qui…

À ce moment on vit une frêle lueur passer à travers la porte à claires-voies, puis une voix sonore retentit dans l’allée menant à la cave où les deux femmes se mirent à trembler.

— Qu’est-ce ? dit la duchesse en tremblant.

Et sa terreur crût en reconnaissant la voix.

— Mon mari, je suis perdue.

Pygette eut dans le cœur un accès de dévouement.

— Non, Madame, couchez-vous sous ce lit et je vais recevoir votre digne époux.

— Tu es un ange, murmura la noble personne.

Et Mme de Saint-Bofighne se glissa dans la caisse qui portait le matelas témoin de ses amours adultères.

À ce moment juste, la porte s’ouvrit et un flot de lumière emplit la cave. Dehors une voix sonnait :

— Holà, toi, le sommelier, tu parais bien fainéant, aujourd’hui. Viens ici et éclaire ce réduit. Je veux y faire placer des casiers nouveaux pour mes vins.

— Monsieur, dit dans l’allée une voix tremblante, je vous prie de m’excuser si je place la lampe ici et si je monte une minute, mais…

— Qu’as-tu, maudit rossard ?

— La colique, monsieur le duc.

Le duc se mit à rire grassement.

— Fous le camp, je verrai moi-même.

Pygette comprit que toute la valetaille savait les amours de la duchesse, y participait peut-être et ne voulait à