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pas assez le souci de mentir pour vouloir donner aux amours de mes héros une durée anormale et attentatoire aux usages. Force m’est donc, pour respecter la vérité, d’avouer que bientôt dans la cave amoureuse régna ce qu’on pourrait nommer un temps calme et mou.

Pygette et la duchesse devenues une paire d’amies, conversaient avec douceur et simplicité, oubliant les rigidités du protocole et les dignités héraldiques. Un charme démocratisant se dégageait de leur entretien.

Cependant, Baptiste, redevenu le domestique fidèle et dévoué, debout et au port d’arme dans l’obscurité, attendait des ordres.

— Baptiste, dit enfin la duchesse, vous pouvez remonter prendre votre service. Si quelque événement me réclame ou m’importe, vous savez où je suis et descendrez sous un prétexte quelconque m’avertir. Allez.

Baptiste s’inclina dans la nuit :

— Bien, Madame la duchesse.

Puis il s’en alla.

— Ma petite ! dit alors la noble dame à Pygette, je me sens une véritable affection pour toi. Que puis-je faire qui te soit agréable ?

Pygette, un peu émue, murmura :

— Madame, j’ai peut-être des habitudes un peu trop libres pour entrer à votre service.

La duchesse se mit à rire.

— De fait, tu as des façons libres, ma petite, mais louables aussi, du moins je les tiens pour telles.

— Dans une cave, osa dire Pygette. Mais dans votre demeure et aux yeux de monsieur le duc, votre époux, ce serait sans doute désastreux.

— J’en ai peur, chuchota avec regret la grande dame.

Un silence régna.

— Mais tu ne m’as pas encore dit ce que tu faisais dans cette cave lorsque, trouvant la clef sur la serrure, tu as décidé d’entrer ici ?