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Dans l’ombre impénétrable qui l’entoure. Pygette perçoit un bruit de clef ouvrant une porte. Elle entend refermer ensuite, puis un pas fin s’approche d’elle et…

Un corps de femme s’est jeté sur le sien, le tâte, vérifie puis s’éloigne.

Alors à deux pas une petite lampe électrique à main jette sa lueur ronde et montre la scène à Pygette éberluée.

Elle est sur un vrai lit tendu de noir qui se trouve entre deux tas géants de charbon.

À son côté un homme glabre, presque totalement dévêtu, porte encore le gilet à raies de la valetaille. C’est celui qui vient de la réjouir avec maîtrise et enthousiasme.

Et à deux pas, tenant la lampe, une grande femme vêtue d’un peignoir sous lequel elle est nue regarde et commence à grogner.

— Baptiste, c’est comme cela que vous m’attendez.

— Madame, j’ai cru…

— Taisez-vous ! Sur le lit que j’ai fait édifier pour nos amours, vous vous abandonnez aux servantes…

— Madame, j’ai cru que c’était vous.

La grande femme, tenant toujours sa lampe, ricane sinistrement :

— Moi, est-ce que je ressemble à cette bonniche…

Ici Pygette commence de se fâcher :

— Dites donc, vous, prenez garde à vos paroles.

Mais la survenante ricane :

— Quoi, des menaces. Ma fille, je vais te faire fouetter et mettre à la porte d’ici le cul nu. Tu ne sais pas que je suis la duchesse de Saint-Bofighne et que ton amant est mon valet de chambre.

— Madame, pleurniche le beau larbin, je vous attendais et on est entré exactement comme vous faites, alors j’ai cru à votre venue et je me suis appliqué… Oh, je vous prie de croire que j’en ai donné à cette drôlesse, une ration de duchesse…