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En tout cas si elle est en enfer, c’est très supportable…

Et elle pousse un doux gémissement pâmé.

Mais à peine la joie s’est-elle éveillée en son âme qu’une nouvelle emprise la majore et l’exalte comme un de ces contreforts montagneux d’où l’on voit des pics, inconnus auparavant, barrer et surélever l’horizon. C’est son adversaire qui recommence. Il a un nerf et une agressivité magnifiques et il s’en sert avec maîtrise.

Son silence semble même maintenant un charme de plus. Pygette peut songer qu’elle est accoutumée à l’étrange aventure ou que c’est une bête absurde et monstrueuse qui en ce moment la réjouit. Quelle aggravation de lubricité une idée semblable lui apporte. Ou bien est-ce un démon, un être velu et maléfique sorti de l’abîme, ou encore un fils de roi, un gorille, voire un succube comme on prétend qu’il en existe… ?

Et excitée par ces délirantes imaginations, Pygette s’abandonne avec une violence carnassière et lascive à laquelle répond l’autre que rien ne surprend…

Quelques minutes encore de plaisir et puis c’est la relâche qui se produit sur tous les théâtres du monde lorsque le succès d’une pièce est épuisé.

Lasse et sentant flotter en elle une sorte de chaleur tropicale qui lui brûle les lombes et mille organes subtils, Pygette reste étendue sur le dos. Une voix vient à ses oreilles, respectueuse et prudente :

— Ai-je été digne de vos désirs, Madame ?

Ahurie, Pygette regarde en vain à son côté cet ombre humaine qui s’y trouve et que rien ne trahit sinon des mains moites et un poitrail velu. Elle étend les bras et les ramène vite contre elle car, par hasard, elle s’est heurtée à l’individu, qui vient de la dominer et de la satisfaire.

Mon Dieu que la vie est compliquée…

Mais soudain un nouvel événement se produit !