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ment à ses côtés, puis une main tâtonnante la saisit par les hanches. Elle étouffe un cri de terreur, mais cette main est vite suivie d’une autre qui monte vers les seins. Comme ces mains sont expertes… On dirait que de leur vie elles n’ont fait d’autre besogne que de chercher dans l’obscurité d’une cave un corps féminin invisible…

Pygette, ahurie, et incapable de se défendre, voit, si j’ose dire, que le propriétaire de ces mains tâtonneuses est un homme d’une habileté émerveillante. Elle obéit à un appel si merveilleux qu’il en est impératif et décisif. Dévêtue de son kimono, et sans que son adversaire semble en éprouver aucun étonnement, sans qu’il fasse un geste de plus, elle est prise, enlevée, basculée avec délicatesse et placée sur un lit, un vrai lit souple et parfumé qui la reçoit comme un amant. La voilà étendue sur des draps odorants. Nue, elle cherche… oh, si peu… à se défendre contre une attaque qui se précise et va droit au but. Défense enfantine et qui ne fait que la surexciter comme elle éréthise l’autre. En tout cas, avec une précision de bon aloi et un allant de grand capitaine, il… réduit la combativité de Pygette, la transforme et l’utilise, et la douce enfant qui s’attendait peu à ce combat se sent défaite, possédée, envahie, prise comme jadis la Bastille et si bien abandonnée aux caprices de son vainqueur qu’elle en pousse un grand soupir de volupté.

C’est en vain que son défaillant cerveau voudrait trouver à cette miraculeuse série d’événements une explication plausible et reposante, qui laisse l’esprit en paix comme l’amour acquis dans cette cave va apaiser en elle toutes les fièvres, celle de l’épouvante et celle du désir. Elle ne peut rien comprendre à ce qui lui est arrivé. Et celui qui la prend, la triture et la fait tourner comme un toton autour du centre vivant de son corps ne dit pas un mot, pas une parole pour éclaircir le mystère…

Que lui arrive-t-il donc. Serait-elle morte et déjà verrait-elle la nuit de l’au-delà lui révéler ses arcanes ?…