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chambres à coucher où pourtant on peut trouver parfois des émois si délicieux…

Et Pygette se hâte… se hâte.

Voici la cour, avec la spire de l’escalier de service. qui se continue vers la cave. Pygette s’arrête une seconde, un peu essoufflée, puis son épouvante lui revient.

C’est qu’elle a entendu le concierge de l’immeuble resté hors de sa vue et qui parle à un personnage plus éloigné. Et il dit ceci :

— Oh ! je vais lui sauter dessus et lui casser le balai sur les reins. Ça ne sera pas long. Je sais qu’elle est rentrée ici.

Pygette ne devine pas et vraiment ne peut pas deviner qu’il s’agisse d’une chatte, une chatte voleuse redoutée des locataires de la maison. Elle croit que ces menaces lui sont destinées, et, entendant le concierge qui se rapproche, elle se précipite dans l’escalier de la cave en soupirant.

Les premiers pas de l’infortunée jeune femme ne sont pas heureux. Il s’en faut d’un rien qu’elle tombe et descende sur les fesses, comme une barrique, les marches roides et glissantes qui la mènent vers de nouvelles aventures… et des plus obscures, car il fait noir déjà comme dans le… chose du loup…

Mais Pygette se remet droite à grand ahan et continue de suivre la sinistre courbe. Une forte odeur de moisi, de vinasse, de charbon et de mystère monte à ses fines narines dilatées. Elle a un moment de recul. Mais on perçoit au-dessus le pas du concierge qui erre dans la cour sonore… Il veut casser son balai sur les reins de… Ah ! vite, fuyons ce nouveau danger !

Cependant la cave est à deux étages et Pygette constate se trouver maintenant au premier. Elle hésite à s’enfoncer plus bas dans la nuit, vers elle ne sait quel but et quelle issue… Mais un remords lui vient : allons toujours : et elle continue à descendre.