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ou telle façon et elle n’avait plus la force de réagir.

Mais la Providence vint à son secours. À certain moment l’Anglais sentit un besoin que je nommerai vesical. Le natif de Grande-Bretagne est généralement un gaillard pudibond et correct, même dans ses débordements. En tout cas celui-ci voulait bien faire mille choses, non pas seulement devant, mais avec Pygette.

Toutefois, pour tout l’or du monde, il ne se fût point résigné à pisser devant elle. Fi donc !…

Et grave comme un amiral, il prit une robe de chambre pour se rendre aux water-closet…

En partant, il dit en anglais, tant le tenaillait sa vessie qui lui en faisait oublier la langue de France :

— Attendez-moi, je reviens.

Pygette, sitôt que l’homme eut disparu, se leva comme un ressort. Elle sauta sur le kimono bleu et l’enfila en un tournemain, puis, comme une porte était située à l’opposite de celle par laquelle venait de disparaître son ennemi, elle l’ouvrit et passa à côté. Le temps pressait. Si pleine que soit la vessie d’un homme, il ne lui faut qu’un temps réduit pour la vider. L’autre allait reparaître et recommencer ses exercices absurdes d’amant puritain qui apprit l’amour dans le Meursius ou le Forberg et veut absolument mettre ses lectures en acte. Zut et zut !…

Et elle passa dans une autre pièce. Oh ! bonheur ! c’était la cuisine et elle disposait de l’escalier de service.

Se précipiter dehors et descendre en hâte fut pour Pygette l’affaire de deux secondes à peine. Elle avait, durant tant d’ébats, gardé ses bas et ses chaussures, avec son kimono elle restait donc en tenue décente. Sa chevelure s’était un peu ébouriffée, mais, avec ces tifs courts, on se peigne le temps de dire amen…

Et elle s’élança comme une flèche, heureuse à l’idée de se retrouver bientôt dehors, au grand air… Tant pis si la police est là, car cet Anglais dégoûterait des lits et des