Page:Renee Dunan Frissons voluptueux, 1927.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 21 —

et moi-même sommes gens sains et normaux, j’entre dans les détails délicats, on va crier que je blesse la virginale pensée des adolescents. Cruel dilemme !

Hé bien, Pygette, Syphone et l’amant de celle-ci je vais le reconnaître tout à trac, s’amusaient galamment, L’homme était robuste et il avait, ce qu’on nomme en guerre, le cran, chose qui n’est pas inutile en amour.

Il sut donc donner à chacune de ses partenaires une série de preuves péremptoires qu’il n’avait pas tous les caractères du fameux Origène, lequel dignitaire de l’église primitive s’était émasculé afin d’éviter les tentations. C’était (je parle de l’amant de Syphone) un homme parfaitement homme et qui savait le faire voir. La douce Pygette bien partie ne se tint bientôt plus de plaisir et, durant les intermèdes, en arrivait par la simple contemplation des activités d’autrui, à redonner le ton à ses désirs. Il est bien certain d’ailleurs que ce jeu en partie triple n’aurait pu, même soutenu d’expédients propres à en prolonger ses grâces, durer fort longtemps. Il était donc à ses derniers feux lorsque la sonnette de l’entrée retentit.

— Tiens ! dit Syphone, qui peut donc venir si matin.

— Ça doit être ce farceur de Percefesc, dit l’homme dont une vraisemblable lassitude commençait de tirer les traits.

— Tant mieux, si c’est lui, dit Syphone, il te remplacera. Tu sembles flapi, mon vieux Geo.

— Ça va ! approuva l’autre en riant.

Alors Syphone dit à Pygette :

— Allons le recevoir ensemble, c’est un copain.

Elles allèrent, nues comme des déesses, jusqu’à la porte derrière laquelle on entendait grogner.

Soudain, au lieu de tirer la sonnette, le survenant frappa vigoureusement et hurla :

— Au nom de la loi, ouvrez !

Syphone se mit à rire. Elle s’en tenait le ventre à pleines mains tant la farce lui semblait bonne.