Page:Renee Dunan Frissons voluptueux, 1927.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 18 —

— Georges, tu te plaignais que nous n’étions que deux tout à l’heure. Nous allons être trois. Prépare-toi !

— Je suis tout prêt, dit une voix sourde et ironique.

Et Pygette vit apparaître un homme mince et souple, étendu parmi les draps comme un monarque oriental sur des peaux de tigre.

Il avait un corps poli et sec, sans poils, où les muscles couraient en longs serpents, nets et rapides. La face était glabre, avec une bouche sinueuse et rouge.

— C’est mon amant, reprit Syphone, tu comprends, mon véritable amant. Pas le type à qui on donne du pèze et qui vous le rend en coups de poing sur la gueule. Cela c’est le mec. Merci ! J’en ai eu un dans le temps, je l’ai fait sauter.

Elle riait de toutes ses dents, nue et hanchante, l’air d’un mâle trompeur.

— Celui-là, c’est l’amant avec qui il n’y a pas d’affaires de bulle, tu vois ? Il en gagne plus que moi et je ne lui en demande pas. Alors on peut s’aimer et il sait y faire, la petite saloperie.

L’homme se prit à rire.

— Syphone, tu manques aux civilités, fais déshabiller ta copine afin qu’on soit tous en tenue mondaine. Elle a l’air de je ne sais quoi avec sa robe qui la recouvre tout entière.

— Tout entière, protesta Pygette.

— Oui, tout entière !

Incapable de se défendre contre tant de cordialités, Pygette commença de quitter ses vêtements. Une sorte de brouhaha se faisait dans sa tête, Elle se savait menacée d’être arrêtée, mais il y avait là des amoureux si attrayants. Car, j’ai omis de le dire, Pygette, froide comme un iceberg avec ses clients, et n’ayant pour la minute aucun amant de cœur — le sien, un acteur en renom, se trouvait en représentations à Alger depuis deux mois — Pygette avait pourtant du tempérament.