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bare et à la parer de pas compliqués. Il y a le dîner silencieux dans une inquiétude qui commence. Car l’heure du combat approche, l’heure où il va falloir provoquer le mâle. Et il advient qu’on échoue ou bien qu’on récolte des hommes impropres à la consommation… Ah c’est là une vie pleine d’aventures…

Et Pygette, à qui les paroles du micheton hargneux reviennent, se demande ce qu’il a voulu dire avec ses menaces enveloppées et saugrenues. Une inquiétude lui vient. Il faut pourtant partir en guerre comme chaque jour.

Et la voilà crayonnant ses yeux et leur donnant cette auréole noire à laquelle les hommes attribuent la valeur d’un témoignage d’inextinguible luxure. Elle se farde les pommettes et veloute de poudre son derme poli.

Un regard encore comme le soldat qui va prendre la garde et s’expose à tous les regards d’officiers vétilleux.

Et maintenant montons en ligne…

iii

La menace


Hélas, il est minuit et Pygette est toujours en quête, je ne dirai pas d’amour comme le font ceux qui prennent le Pirée pour un homme et un métier pour une vacance, mais d’un client. Elle a parcouru tous les lieux habituels où s’exerce son ardeur agréable aux dieux et aux hommes. Elle a échangé quelques mots avec nombre de personnages dont les regards semblaient dénoncer le désir, et l’apparence annoncer l’aisance bourgeoise. Hélas ! comme on se trompe de nos jours sur la valeur financière des humains rencontrés au hasard… Ce jeune homme naïf, du moins en apparence, et qui possède toutes les dignités du fils de famille bon à tondre, lorsqu’entre deux tables