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ENTRE DEUX CARESSES

les renseignements à George Mexme. Mais lui la rebuta aussitôt et la renvoya à ses salons, à la littérature, à ses dancings et à ses caprices de tout ordre. Il le fit même avec ce manque de finesse qui caractérise les personnes justement capables, sinon d’avouer leurs torts, tout au moins de les laisser involontairement soupçonner. L’amour de Jeanne était simple et nu. Il comportait d’abord un sentiment, auquel toutes femmes sont ouvertes, d’amitié vraie envers celui qui révéla les choses de la chair. Il y avait, en sus, une juste connaissance des vertus et qualités d’un homme qui n’était point parfait mais toutefois digne d’une estime féminine. Évidemment Mexme, au fond, restait un petit propriétaire jaloux, en matière d’amour, c’est-à-dire qu’il eût volontiers séquestré sa femme pour ne courir aucun risque… de ces risques qui font les maris trompés et ridicules. Mais il avait su dominer ces impulsions et acquérir une certaine largeur d’esprit, nécessitée par le milieu mondain, souriant, sceptique et peu exclusif, qui était le sien. Ainsi Jeanne Mexme pouvait aimer Georges dans un sain équilibre intellectuel, sans ignorer ses défauts et sans verser dans le mysticisme romantique. Toutefois, elle avait établi ainsi l’éthique de son union : « S’il s’appauvrit, il aura rompu avec moi ». Elle voulait rester riche. Évidemment, si son mari subissait des malheurs immérités, elle lui garderait son affection. Toutefois, fallait-il prévoir des déchéances. Elle acceptait ironiquement quelques contrôles de ses actes aujourd’hui. Alors, elle les