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CHAPITRE PREMIER

TROIS HOMMES

Dans son cabinet de travail, sobre, sombre et glacial, le banquier Georges Mexme dictait à sa dactylographe une brochure sur les Mines d’Or de Pornichet. L’après-midi parisien fondait en un brouillard triste. De la rue Pillet-Will venait un jour blême. Il dessinait et accusait fortement le masque du financier. C’était un homme de taille moyenne, râblé et puissant. L’œil gris, fixé sur le rouleau de la machine à écrire, avait une dureté froide et orgueilleuse. Le visage, taillé à méplats anguleux, possédait à la fois de la beauté et un antipathique sceau d’énergie. Le front un peu surbaissé, les lèvres rouges, bien marquées sur la face glabre et mate, faisaient penser, en moins sphéricisé, à l’Antinoüs du Vatican. La voix avait en même temps une sécheresse âpre et quelque douceur aimante.

Le banquier, les mains allongées sur son bureau, regardait cependant les doigts de la secrétaire courir sur le clavier.

Ses phrases se suivaient, courtes et denses. La jeune femme, une Danoise polyglotte, devait transférer le texte de la brochure en quatre langues. Elle écrivait sans un geste de la nuque, et