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ENTRE DEUX CARESSES

On engloutirait, c’était acquis, près de quatre cent millions avant d’avoir des bénéfices. À dix pour cent, il faudrait donc un bénéfice net de quarante millions pour commencer un service de dividendes. Or, on n’aurait pas cela avant quatre ans, peut-être trois au minimum. Pour qui connaît un peu l’âme des foules il est évident que ces centaines de milliers de souscripteurs ne garderaient pas patiemment en portefeuille leurs titres polychromes pendant quatre ans pour se voir offrir alors un intérêt représentant juste deux et demi pour cent par an. Il y aurait baisse. Mais qui peut se vanter en Bourse de limiter une baisse ? Une fois la chute commencée, ce serait la catastrophe, on reviendrait à trois ou quatre cents. Qui sait si la même fureur, souscrivante aujourd’hui, ne réclamerait pas alors des poursuites sous des prétextes redoutables ? Mexme ni Séphardi n’étaient pour rien dans le « boom », mais enfin, un gouvernement basé sur l’opinion doit suivre l’opinion…

Quant à voir maintenir à deux mille les titres émis à cinq cents francs, ce qui donnait à l’affaire une valeur de un milliard six cent millions. Quelle absurdité ! Il aurait fallu cent soixante millions de bénéfice pour verser un dividende sur ce taux. On les aurait certes, et trois cents millions, et plus même. On parviendrait peut-être un jour au bénéfice d’un milliard. Mais quand ? Et la raison ni la logique industrielle ne sont à portée de ces innombrables braves gens qui courent porter leur