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ENTRE DEUX CARESSES

mètres de Paris sans lui envoyer des gerbes éblouissantes et des porcelaines rares bondées de bonbons. Avec cela il se montrait délicat jusqu’à l’astuce, ou astucieux jusqu’à en devenir délicat. Jamais il n’exprimait, en effet, même à mi-mot, un désir dépassant la seule courtoisie affectueuse. Évidemment il aimait Jeanne Mexme. Il était de ceux qui n’abandonnent jamais un désir insatisfait, et cela devenait plus grave.

L’idée pourtant était absurde que Séphardi put compter sur ses seuls charmes physiques pour conquérir cette créature originale, chez laquelle la passion restait froide et le cœur assimilé à l’esprit. De même il s’attestait vain qu’il tabla sur sa richesse, au moment Mexme allait devenir un des rois de la haute finance industrielle. Pourtant, à ce regard passionné, à cette sorte de volonté magnétique qui transsudait du regard fixe et dur de cet homme, on devinait qu’il fût prêt à tout tenter pour posséder Jeanne Mexme.

Elle ne s’y trompait pas.

Jeanne se sentait impuissante dans cette lutte ardente que Georges menait pour la fortune… et quelle fortune !… Mieux, elle devinait maintenant que les efforts de son mari tendaient surtout à ralentir la poussée d’un enthousiasme devenu gênant. Elle savait bien la vanité de toute intervention à ce moment où les Pétroles Narbonnais n’appartenaient plus à Mexme et à Séphardi, mais à l’Opinion Publique, monstre capricieux devant lequel il faut trembler. Toutefois, elle