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ENTRE DEUX CARESSES

de ce fait d’armes que Narbôn était devenue ville romaine. L’ouvrage plut. Il avait des qualités de style et de savoir. Son succès fut prodigieux. Jamais une œuvre de pure érudition n’avait tiré à deux cent mille…

Mais ce fut bien pire lorsque le même écrivain donna sa « Colonia Julia Paterna Claudia », ouvrage curieux contant la vie mouvementée de Tibérius Claudius Néro, proconsul de Narbonne, en 45. Un tel engouement naquit pour l’histoire du Languedoc, à la suite de ces livres arides, que désormais le théâtre, la sculpture, la peinture, la gravure et même l’architecture se dévouèrent à la Narbonnaise…

Et tout le monde voulut si bien avoir des aïeux nés au bord de la Méditerranée qu’un ministre, né effectivement à Béziers, dit un jour à la Chambre, au milieu des vociférations et des insultes : « Nous autres, les seuls vrais Français… »

Le pays narbonnais devint donc aussi célèbre que les bords de l’Arno.

Pêle-mêle avec les ingénieurs de Mexme, les espions des sociétés concurrentes, les ouvriers Piémontais, les métallurgistes, les maçons, les bâtisseurs d’usines et les spéculateurs curieux, une nuée de brocanteurs et d’antiquaires, de savants et d’anciens fouilleurs des ruines de Delphes ou de Délos, s’abattit alors autour des puits de naphtes. On fit autant de tranchées pour mettre la main sur des curiosités qu’on le faisait pour bâtir les usines.