Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
ENTRE DEUX CARESSES

deur égale à celle de cette Venise, née, comme Narbonne, sur pilotis, dans son golfe harmonieux : Mais Venise n’a pas eu ce fleuve redoutable : l’Atax (l’Aude), qui véhicule depuis des siècles et des siècles ses millions de tonnes d’humus. Elle est donc restée marine, tandis que Narbonne est désormais loin de cette mer qui jadis lui fut amie et protectrice.

Les sondages des ingénieurs se faisaient aux lieux même où, voici vingt-trois siècles, Pythias vit des marécages bordant la Méditerranée. Longtemps plus tard des vignobles renommés y fructifièrent. Maintenant des geysers d’huiles lourdes et schisteuses commençaient d’y jaillir.

La mer, le golfe et le lac de Narbonne n’avaient jamais été profonds. L’Atax peu à peu les combla. Les îlots nombreux, les « Lidi » qui, comme à Venise, séparaient jadis Narbonne de la pleine mer, s’étaient donc soudés au continent, mais on recréerait, pour la société des Pétroles Narbonnais, ce que la nature avait anéanti…

La première découverte des naphtes fut faite dans le lit même de l’ancien Golfe. On perçait là un magma de terrains tertiaires travaillés par des séismes violents durant des époques géologiques entières. Dans le sous-sol, des fissures énormes s’étaient alors formées, où des lacs souterrains du précieux carbure s’amoncelaient. Cela s’enfonçait à la base des Pyrénées, où les sondages ne pouvaient plus rien atteindre, et se perdait, du côté opposé, dans une rupture des couches tertiaires,