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ENTRE DEUX CARESSES

vaste abîme où va s’effondrer le destin de la banque, et le sien… Georges s’est levé…

— Quoi ? Laissez-moi, mon ami… Je ne suis pas d’humeur à faire de la lutte à mains plates.

Elle crie d’une voix sèche qui claque dans la pièce bien close.

Son mari la tient par les hanches…

— Jeanne, ne te fâche pas. Tu es si belle, en ce moment…

— Reste donc à m’admirer de ton fauteuil, dit-elle, à demi-désarmée.

— Mais, Jeanne, il m’est impossible de t’admirer de loin…

Il esquisse un geste précis. Jeanne recule violemment.

— Laissez-moi, je vous prie. Vous avez des façons de paysan troussant une servante d’auberge…

Les deux époux sont face à face. Lui, un peu hagard, lutte contre un rut qui le mène. Sa volonté organique le pousse à saisir sans parler, à jeter à terre et à prendre cette magnifique créature faite pour la joie des hommes. La certitude d’être vainqueur tend en lui toutes les forces de l’être, en un désir brutal et incoercible.

Elle sent le danger de repousser fermement son mari. Mais elle ne s’abandonne pas. Les dents serrées, elle le regarde avec un mépris énorme… Pour un peu elle aimerait plutôt le tuer…

Georges tient sur l’épaule féminine sa main de lutteur, bandée de muscles. Il veut poser l’au-