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ENTRE DEUX CARESSES

— Des mots, mon ami… des mots…

Jeanne se lève irritée et nerveuse. Quoiqu’il ne fasse aucunement froid, elle commute le radiateur électrique, sans savoir pourquoi, puis s’approche de la vaste lueur violacée qui illumine la cheminée. Elle prend une nouvelle cigarette et l’allume. Ses doigts tremblent. Elle sent en elle une colère sourdre, et la maîtrise avec difficulté.

Elle se tient debout, maintenant, le sourcil froncé et la face dure.

Son corps svelte s’enlève sur des lumières contrariées. On perçoit, à travers la jupe, la lueur du foyer et les longues jambes sont convergentes en un angle très aigu.

Elle tire brutalement sur la cigarette. Comme la chaleur lui apporte une sensation déplaisante, elle se secoue d’une nerveuse saccade. Georges Mexme admire un instant sa femme irritée. Mais brusquement les aspects voluptueux de ce grand corps souple éveillent en lui la bête mâle…

Le désir envahit ses méninges. Le sang monte en poussées fortes jusqu’à ses tempes gonflées. Une sorte de bouillonnement dans son cerveau efface peu à peu toutes les idées… Une seule flamme subsiste, ardente et croissante…

Inconsciente de l’action qu’elle produit sur son mari, Jeanne Mexme se tourne pour regarder elle ne sait quoi sur la cheminée. Elle lutte en son tréfonds pour ne pas dire mille choses qui seront pénibles et ouvriront un fossé entre les époux. Les Pétroles Narbonnais lui semblent un