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ENTRE DEUX CARESSES

banquier le plus calme de Paris. Je suis renommé pour ma prudence. Ce dont je suis certain, c’est que, dans deux ans, je serai commandeur de la Légion d’Honneur et député de là-bas. Il n’est pas dit que je ne sois pas dans peu d’ans Ministre du Commerce ou des Travaux Publics… Le ministre de mon affaire…

Elle haussa les épaules.

— Tu as tout l’optimisme enfantin des athlètes. Tu es toujours le coureur de jadis. Est-il possible de partir ainsi à bride abattue sans rien regarder autour de soi ? Un mirage t’affole. Tu cours un championnat bancaire. Mais songe donc que dans Paris il y a cent financiers plus forts que toi, et qu’à eux tous ils…

— Qu’ils y viennent…

— Alors il est impossible de te prouver que tu erres, qu’on ne doit pas ainsi engager toute sa fortune et au-delà dans une spéculation débordante de risques, et des pires.

— Penses-tu, Jeanne, que si tant de risques grouillaient sous nos pas, Séphardi serait parti, lui aussi à bride abattue, sur la même piste ? Et tu sais, Séphardi, c’est en finance l’homme fétiche. Il a le renom de n’avoir jamais mis la main dans une affaire qui ait mal tourné.

— Superstition…

— Mais enfin, voyons, ma chérie : Je ne suis pas un enfant. Tous les atouts sont en mes mains. On ne peut dire qu’il y ait lutte possible. Je possède les gîtes pétroliers. J’ai les rapports des