— Je les passe pour trente-cinq millions à la société.
Elle le regarda avec une colère sourde, et ses mains tremblèrent.
— Trente-cinq millions ?
— Oui… Et je prends quarante millions sur la première tranche d’actions à émettre.
Elle se pencha en avant, les yeux fixes, la bouche sèche. Sa voix siffla :
— Quarante millions… Mais tu ne les placeras jamais dans notre clientèle.
— Mais si… Mais si… Je connais mon métier, je pense.
Elle se tut. Sa jambe battait fiévreusement.
Se contraignant enfin au calme, elle murmura :
— Et le plan que tu m’avais soumis, voici dix mois, tu l’as donc abandonné ?
— Certes ! dit-il avec orgueil.
— Pourtant tu courais beaucoup moins de risques.
— Il faut en courir pour s’enrichir.
— Mais, Georges, tu avais calculé pouvoir gagner une vingtaine de millions et tu n’engageais pas ta fortune.
Il éclata :
— Qu’est-ce que c’est que vingt millions ? Je deviendrai milliardaire.
Elle appuya sur l’ironie du mot :
— …Si…
— Il n’y a pas de « si ». Deux plans se sont offerts à moi. Participer à cette énorme affaire