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ENTRE DEUX CARESSES

— Pardonnez-moi, reprit l’ex-ministre. Là où il y a psychologie il y a physiologie. Donnez-moi un nerf et un muscle et je vous donne une âme. Donc vous ne vous échapperez pas. L’amour, pour psychique, est d’abord un travail de vaisseaux, de secrétions, de glandes et de péristaltismes.

Georges Mexme dit :

— Ni l’un ni l’autre ne sont croyants et les voilà en plein dans une dispute théologique.

Sophie éleva la voix d’un ton :

— C’est ça, mettez-le en minorité, ce ministre cagot. J’ai dit que l’amour était une impulsion issue de l’inconscient. L’amour est toutefois pour les deux sexes un choix conscient, les raisons de ce choix nous restant obscures. Il est vraisemblable qu’elles soient liées avec ces états physiologiques dont parlait Blanc-Simplaud. Mais évidemment une fois la sexualité passée dans l’esprit, elle subit les règles de l’activité mentale et peut donner l’illusion de ne point avoir de rapports avec le physique.

— Sophie, dit Jeanne Mexme, tu es presque biblique.

— En quoi, ma chère amie ?

— Bah ! tu sais bien que le verset vingt-sept de la Genèse dit que l’homme et la femme, dans le Paradis Terrestre, furent bisexués, c’est-à-dire hermaphrodites. D’où il résulte que la monosexualité étant accidentelle et née de la fixation évolutive d’un vice, chacun cherche ici-bas l’en-