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ENTRE DEUX CARESSES

sans les interpréter les menaces étranges et obscures. Une sorte de vertige la pénétrait.

. . . . . . . . . .

Une femme merveilleusement mince était apparue. On eut dit qu’elle se matérialisait dans l’air même. Jeanne égarée regarda le long péplos rouge qui vêtait ce corps insexué. Appelée par un geste bref, elle suivit l’apparition et se trouva dans une pièce à cinq pans. Tout y était d’un blanc laiteux. Deux fauteuils s’y faisaient face. Au centre, une boule de cristal grosse comme une tête d’homme s’épanouissait au sommet d’une tige d’acier vrillée.

La fenêtre n’avait pas de rideaux, mais on eut cru qu’une buée légère couvrait les vitres.

Elle était devant Raia.

La devineresse regarda dix secondes sa cliente avec attention. Son regard avait la froideur sinistre de certains yeux de fauves. Enfin elle dit d’une voix harmonieuse et chaude :

— Je pense, Madame, que vous désirez savoir certaines choses sans avoir à m’exposer vos soucis. Est-ce vrai ?

Jeanne fit « oui », de la tête.

— Je vais vous faire répondre par l’avenir même. Non pas l’avenir total… Celui seulement qui saura le mieux vous dire les aboutissements…

Elle parlait avec sérénité et ses deux bras nus, pendants hors de la tunique écarlate, semblaient des serpents animés d’une vie sourde. Elle était absolument nue, sous cette soie molle et collante.