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ENTRE DEUX CARESSES

monde où se meut sa volonté. Il croit à lui-même. Je trouve cela comique. C’est un état d’âme juste bon pour faire des fanatiques et des créateurs de religion…

— Alors, en somme, les Pétroles Narbonnais exaspèrent entre vous de vieilles querelles… mettons des oppositions de pensée, de jugement et de sexe ?…

— C’est presque ça. Le grave, ici, c’est que nous jouons tout l’avenir.

— Et cela aidant, tu finis par ne plus aimer ton mari…

— Qu’est l’amour ? Ou le rut ou le raisonnement. Dans le second cas, ton jugement est exact. Voyant clair et juste, sans préjugés et comprenant bien mon temps, j’apprécie à leur valeur, mieux que Georges, les haines que nous soulevons dans cette énorme affaire des Pétroles. Il est donc clair que je ne l’aimerais plus s’il se ruinait et me mettait en nécessité de travailler pour manger ?

— Tu ne crains rien de tel, je pense ?

— Non, mais je fais une hypothèse qui précise en quelle mesure mon affection se limite seule par le souci des dangers possibles.

— Tu ne m’as pas dit encore ce que tu soupçonnais de Séphardi ?

— Tes idées se relient avec autant de curieuse finesse que celles du policier Dupin inventé par Edgar Poe…

Elles se mirent à rire toutes deux, de ce que leur conversation avait dit sans l’exprimer.