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ENTRE DEUX CARESSES

aurait pourtant mille raisons de me tenir au courant des choses qui m’intéressent autant que lui et que je jugerais plus sainement.

— Il ne veut pas mélanger la finance et l’amour.

— Tu es sotte, Fanny…

— C’est parfois agréable…

— Pas pour moi…

— Perverse !…

— Allons, tu sais bien que la question n’est pas de séparer ou de réunir les affaires et l’amour, mais d’établir une sorte de contrôle d’ordre intellectuel sur des activités par trop dépendantes de la passion. Car la banque est un domaine spirituel où dominent les sentiments. Or rien n’est dangereux comme les commerces à base sentimentale aux mains de personnes dépourvues de sentimentalité…

— Profond, ça !…

— Vois la politique. Pas un atome de raison là-dedans. C’est pourquoi seul l’arrivisme intellectuel y règne. Les hommes de sentiment ne sont jamais au diapason. Ils oscillent entre le « trop » et le « trop peu »…

— Alors, ton mari ?

— Bourgeois raisonnable et équilibré, il prend pour un fruit de la logique pure et intelligente les impulsions enthousiastes de son vieil esprit olympique. Séphardi, lui, est un poète en finance. Mais un poète qui se sait tel et qui se contrôle. Georges manque du scepticisme indispensable dans le