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ENTRE DEUX CARESSES

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Alors Jeanne ouvrit ses beaux bras nus et étreignit sur sa poitrine ruisselante de gemmes celui qu’elle attendait et qui, enfin, était venu.

Elle dit un seul mot :

— Toi !…

Sa voix était mince comme un fil.

Mexme sentait toutes forces le quitter. Cette minute, rachat de tant de misères, lui semblait irréelle et immense. Il sentit monter en lui un ardent désir de se prosterner, d’implorer miséricorde, pour tout un faix de péchés commis, contre cette femme de miracle, trop belle, trop magnifique, trop somptueuse, qui l’accueillait et qui était la sienne…

Mais avait-il au monde quelque chose à soi ?

Il murmura comme un adieu :

— Pardon, Jeanne !…

Elle eut un rire dur. Ses yeux luisaient. Elle montra sa fourrure, ses perles, sa robe coruscante de pierres précieuses et ses doigts couverts de bagues. Avec un pli de haine douloureuse aux lèvres, disant qu’elle n’oubliait pas, elle dit aussi :

— Pardon !…

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Ils se regardèrent sans bouger. La nuit étincelante d’arcs s’agitait derrière les glaces des portières. On entrevoyait des faces et des voitures en mouvement. La vie continuait autour d’eux.

De Jeanne s’exhalait un lourd parfum floral : Héliotrope et tubéreuse, rose et géranium…