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ENTRE DEUX CARESSES

que la laisser souffrir de son absence. L’amant exigeant et jaloux valait mieux pour elle qu’un ancien forçat.

. . . . . . . . . .

Georges Mexme pourtant connut la douleur de se sentir seul. Il rôda au hasard dans Paris, sentant son énergie morale dissoute et un dégoût profond de la vie l’envahit peu à peu.

Une nuit passa encore. Le lendemain le trouva encore plus déprimé et sombre. Le soir venu il se sentit incapable de réagir.

Il marchait selon un chemin incertain et se découvrit, avant minuit, sur la route suivie le jour même où ses malheurs avaient débuté par le départ de Jeanne et cette longue promenade que terminait son arrestation aux Champs-Élysées. La vieille défaite l’attirait comme un blessé qui écorche toujours une plaie cicatrisée.

Il se trouva, à minuit moins vingt, devant l’Olympia, là où s’était marqué le début du périple si cruellement clos.

On sortait du Music Hall. Mexme regarda ces gens de toutes classes sociales, qui, après trois heures de gaîté, reprenaient en charge leur faix de misères et de soucis.

Et soudain il vit…

À quinze pas, accompagnée d’un homme âgé et lourd, un ami de Séphardi, Jeanne Mexme s’avançait comme une déesse. Elle était vêtue d’un manteau de fourrure d’un blanc immaculé. Vraiment royale, elle laissait traîner un regard