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ENTRE DEUX CARESSES

mince passer sous les tampons avec une merveilleuse agilité. Elle filait vers la palissade, il entrevit encore plus loin cette petite silhouette preste et silencieuse, puis plus rien.

Alors il sortit à son tour. Le sentiment de sa solitude était si aigu qu’il devenait une douleur physique. Il fut sur du gravier qui criait. Ayant oublié d’effondrer leur abri, il remonta et déplaça deux poutres. Un bruit sourd mais bref sonna. Les traces du voyage se trouvaient effacées. Il rattacha la bâche avec minutie et ressauta sur le ballast. À ce moment, à cent pas au plus, il entendit un bruit de moteur et le ronflement d’une puissante voiture-auto qui parut démarrer. Il pensa :

Si elle m’avait emmené jusqu’à Paris…

Mais il ne fallait pas récriminer il n’y avait d’urgent que de sortir d’ici. Une gare est propriété privée. On commet un délit à y être présent sans droits. Lorsqu’il se trouverait sur la route, il serait cette fois vraiment libre.

Il passa sous les tampons à son tour et fila jusqu’à la palissade qui fermait cette partie de la gare aux marchandises. Arrivé là il étudia sa situation. Assez loin, des lumières s’agitaient et on entendait des paroles confuses. La locomotive feulait doucement et des bruits de chariots venaient de l’autre côté, des deux trains cachant celui que Mexme et sa compagne venaient de quitter.

Le plus simple consistait à franchir la palis-