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ENTRE DEUX CARESSES

cussion intime s’effacèrent dans cet esprit d’homme d’action et il attendit…

Bête souple et agile, accroupi sur ses jambes fermes, les yeux dilatés, il a son attention ouverte comme un microphone, il regarda passer les premiers wagons. Le convoi semblait infini. Il avait remarqué le chauffeur garnissant le foyer et le mécanicien penché pour surveiller la voie devant la machine. Maintenant les lourds chargements défilaient : wagons citernes et wagons plombés, puis des trucks et des plates-formes. Et voilà qu’à trente mètres il voit, venant à lui un truck haut, mal bâché. Sur l’angle placé de côté, une corde d’arrimage est défaite. La lune dessine la structure de cet édifice. Il doit y avoir là-dessous des ferrailles ou des madriers. On peut sans doute s’y loger…

Mexme se prépare en frémissant. Le wagon arrive. Il passe… Alors l’évadé s’élance sur le ballast et court parallèlement dans le sens de la marche. Il dépasse l’angle débâché, et, brusquement agrippe le tampon, puis s’enlève. Il y a un mince choc. Un instant Mexme se sent prêt à rouler sous les roues ou à se faire broyer entre les épaisses plaques de fer. Mais il trouve son équilibre. Seulement, la marche l’entraîne trop en arrière. D’une détente il se replie et pose un pied sur le tampon. Accroupi, il se sent enfin maître de la situation.

Il pose le second pied à côté du premier, se dresse et tâtonne sur l’angle du wagon. Il connaît