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ENTRE DEUX CARESSES

serré, des aines aux seins, elles écrivaient en mouvements harmonieux l’excitante folie née du chevauchement des sons. Elles allaient, un rire artificiel aux lèvres. Parfois les longues jambes s’enlaçaient et l’on voyait un immobile frisson tendre et détendre les chairs fibreuses autour des bassins adhérents. Deux lignes musculaires apparentes sanglaient les torses raidis et paraissaient offrir les seins aux mamelons rigides qui repoussaient la soie comme des pointes de flèches.

Enfin Théano parut défaillir. Dans le glas isolé d’une parole de violoncelle Jeanne la mena au fond de la salle. Le balancement des jarrets lumineux dans leurs soies claires, la spiralante balancée des hanches lascives, l’enchevêtrement des lignes inscrites par les longs bras ophidiens se firent courbes closes. Théano, le souffle court, parlait :

— Qu’as-tu, Jeanne ?

— Ce vent m’énerve…

— Ce vent ?

— Oui… Tiens il me parle… Il dit…

Et Jeanne, raide, le dos à la cloison, s’immobilisa avec un frisson. Dans le silence voluptueux qui accompagne l’arrêt de la danse, on percevait au dehors la galopade furieuse d’une rafale, et son hurlement sinistre où passait une plainte… une plainte…