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ENTRE DEUX CARESSES

ont coulé avec sa fortune. Georges Mexme, forçat évadé, rentre en France…

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Basse, longue et silencieuse, une voiture automobile stoppa devant l’arc nu qui désignait l’entrée du restaurant de nuit. Un valet de pied en culotte de panne et perruque vint ouvrir la portière. Jeanne Mexme en sortit suivie de Séphardi. Ils montèrent l’escalier tendu de soie bleue.

L’orchestre roulait des sons tendres et féroces sous le plafond incandescent. Dévêtue de son manteau, Jeanne apparut drapée de la poitrine aux jarrets d’une soie molle blanche et dorée. L’étoffe plaquait à la peau, séparée d’elle par un étroit maillot. On lisait comme sur une chair nue le jeu délicat des muscles.

Ce grand lévrier humain draina d’un coup tous les regards. Le masque portait une inquiète mélancolie. Au fond d’un cercle violacé, les iris brillaient sourdement… Sous le nez mince et droit la bouche méprisante semblait une plaie fraîche ou sourd le sang.

Arrivée d’un pas indolent et flexible à la table choisie, Jeanne leva son bras droit nu et fardé. Un sac de platine surchargé de gemmes pendait à sa main longue, et la conque de l’aisselle luisante offrait son repli glabre, savamment carminé.

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Jeanne Mexme et Théano la danseuse oscillaient selon le rythme d’un pas bolivien. Leur marche ondulante collait à la musique aigre. S’étreignant