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ENTRE DEUX CARESSES

le nom de Juan Irruero, négociant en produits photographiques.

Débarqué à Long Beach, Mexme gagna la cité du cinéma et des conserves de fruits.

Là, il chercha comme naguère sa « chance ». Elle finit par se présenter. Il était entré chez un grand fermier possesseur de mille hectares plantés en abricotiers. Tous les soirs l’état de santé des cent mille arbres était consigné sur des feuillets dont le maître prenait communication avec gravité. On savait combien depuis cinq ans chaque abricotier avait donné de fruits et leur poids moyen. On en avait également coté les qualités et la couleur. Le propriétaire de ce verger géant était aussi familier avec la santé de ses arbres qu’avec celle de ses enfants. La comptabilité était d’ailleurs admirablement tenue et d’une rigueur parfaite qui n’excluait pas la simplicité. Mexme songea, devant ce « farmer » millionnaire, en smoking lorsqu’on lui remettait les fiches quotidiennes, au paysan de son pays, en blouse sale, et craignant tout ce qui peut accuser l’aisance. Se levant à trois heures du matin pour passer l’octroi sans payer, occupé à gagner deux sous aussi ardemment que mille francs son seul désir profond est de frauder le fisc, tromper le client, le mandataire, et en général l’acheteur.

Sortant de chez le marchand d’abricots, Mexme vint dans une banque qui s’occupait de la vente des terrains dans la Sierra Santa Anna. Là il gagna beaucoup d’argent. Il habita bientôt, sur la