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ENTRE DEUX CARESSES

comprit qu’il fallait se battre, sans quoi il serait la risée de tous, désormais, et crèverait de faim. C’est que, dans de tels lieux et de tels métiers, il faut se faire respecter pour manger.

Alors, décidé, il vint au nègre qui riait de sa large bouche endentée. À portée, d’un seul cross au plexus solaire il envoya le noir knock-out sur le sol.

Un Américain, debout, regardait la scène. Il fut pris sitôt d’une sorte de folie sportive, tira son chronomètre, se mit à genoux devant le nègre et compta haut sur une cadence assez lente :

— One, two, three, four, five, six, seven, eight, nine… Ten.

Alors, il poussa trois grognements de joie et vint demander à Mexme d’être le soir dans certaine illustre auberge à matelots.

Georges y alla. Il fut présenté à un Yankee énorme, poussif et souriant, qui se déclarait sur le champ son « manager » et le lendemain même l’emmenait à Tixkokob comme boxeur.

Dès lors commença une vie originale pour le forçat évadé. On le promenait de ville en ville comme un champion du monde qui défiait toutes les célébrités du ring. Bien entendu, ces célébrités étaient des braves gens recrutés de la même façon.

L’ancien banquier eut la chance de se tirer très bien de ses premières rencontres. Il déconfit un tas de cowboys, de maçons ou de simples rôdeurs, absolument comme s’il n’avait fait que de la boxe