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ENTRE DEUX CARESSES

qui il s’évada. Il sait son gourdin plus efficace que le sabre court aux mains d’un homme épuisé, mais qu’importe. Mieux vaut ne pas se battre. Il saute dans un buisson, s’enfonce dans la masse végétale, dense comme toute une forêt. Il s’arrête enfin. Nul ne saurait dire déjà où il est passé. Il entrevoit le malheureux fou qui revient armé de sabre. Il cherche en vain son compagnon pour le tuer. Puis sa démence le ressaisit. Il voit un caillou doré à terre, le prend et le contemple avec des yeux amoureux…

De l’or !

Mexme se tire de la complexe arborescence qui l’enserre. Il s’en va. Il est seul.

Il se passera du sabre. Son esprit est toujours combatif. Il veut vivre.

. . . . . . . . . .

Trois jours l’ancien banquier a marché, s’est enfoncé dans la forêt suivant une ligne inflexible qui doit le mener aux plantations de canne à sucre de la Guyane hollandaise. Son estomac nourri exclusivement de fruits commence à repousser cette alimentation hydrophile. Il marche pourtant, méthodique comme un soldat, sans que lui pèse la décourageante solitude.

Ses sabots sont usés. Ses guêtres de toile ne le protègent plus. Il a les jambes déchiquetées par les épines. Il souffre de la fatigue immense et de tant d’efforts tenus aux limites de la résistance humaine. L’aube s’est levée une fois de plus. Il a repris sa marche un peu ralentie. Absorbé dans