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ENTRE DEUX CARESSES

venait de l’étage au-dessus, car la banque occupait tout un immeuble.

— Tu sors, Jeanne ?

— Oui, mon ami !

— Tu as rendez-vous ?

— Non ! Je vais prendre l’air.

Il la regardait avec une affection jalouse et orgueilleuse. Grande — plus que son mari — blonde, souple comme un jonc, elle portait sur son corps ophidien un masque somptueux et magnétique. De grands yeux violacés, une bouche hautaine, arquée et sanglante, quelque chose d’impérial dans l’allure, la manière de tenir à distance, même celui qui disposait d’elle, tout faisait de cette femme une sorte de divinité. Elle était fidèle, pourtant, et aimait son mari. Mais tandis que, lui aimait sa femme avec un rien d’avarice sentimentale, elle se désirait libre, maîtresse de soi et souveraine de ses actes. Pourtant Jeanne Mexme, qui avait le sens des traditions et le respect des préjugés d’autrui, consentait à laisser son mari ignorer en quoi leurs deux âmes divergeaient tant.

Ils descendirent quelques marches de conserve. Chez le banquier, dont le sang vif et l’ardeur impulsive étaient difficilement refrénés il y eut une sorte de violence inconsciente. Il saisit sa femme par la taille et l’approcha de lui pour poser un baiser brûlant sur la nuque lisse et parfumée.

— Ah, Jeanne !

— Eh bien, mon ami, vous vous oubliez…