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ENTRE DEUX CARESSES

faut agir. Il faut ou mourir ou accomplir encore les actes quotidiens.

Jeanne va chercher ses bagages à la gare et se fait conduire dans un hôtel où elle donne un nom de fantaisie. Elle avait emporté cinquante mille francs à Fiume. Il lui reste trois mille.

Et maintenant ?

Elle va tout uniment questionner le député Blanc-Simplaud. Elle monte les étages avec lenteur. Que va-t-il lui dire ? Elle sonne. Un domestique inconnu lui demande son nom. Elle met une carte de visite dans une enveloppe, la ferme, et la donne.

Blanc-Simplaud arrive prodigieusement ému. Il l’emmène dans son cabinet.

— Ma pauvre Jeanne !…

. . . . . . . . . .

Trois heures après Jeanne Mexme s’en va sombre et silencieuse. Elle a refusé l’hospitalité du député. Mais à quoi songer sinon à revoir Georges Mexme ? Elle est toujours sa femme. Et s’il fût coupable envers elle, Jeanne l’a oublié.

Et puis, elle aime toujours son mari. Et l’épreuve ne diminuera point cet amour.

Mais que peut-elle ? Aller là-bas, à la Guyane, le faire évader ? Si c’est possible elle le fera. Mais il faut d’abord disposer de beaucoup d’argent. Car le jour où « il » reviendra, puisqu’elle a des responsabilités dans le malheur, il lui faut pouvoir dire : Tiens il y aura encore du bonheur pour toi.

Et puis, elle veut rester belle et ne pas vieillir…