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ENTRE DEUX CARESSES

Il ne songeait pas encore à la vengeance. À chaque heure suffit sa peine. D’abord il fallait terminer cette évasion, puis s’enrichir, un peu…

Alors il calculerait comment…

Comment…

Comment revoir Jeanne Mexme ?

Un flot de sang envahit sa face à cette évocation. Il revécut en une seconde ce soir maudit où il avait failli la violer après une dispute sur les Pétroles Narbonnais.

Brute !… Imbécile !… Sauvage !… Comment, ce jour-là, et bien d’autres, avait-il pu se laisser aller ainsi à un instinct aussi bestial ? Voilà comment il avait perdu celle dont l’amour ne cessait pas de le brûler encore…

Ah ! revivre ces heures-là… Reprendre le temps passé… Ressaisir les heures perdues et gâchées de l’existence…

Il se sentait encore un homme à recourir le grand championnat du bonheur.

Il se dressa sur ses jambes fortes, guêtrées d’une toile qui avait vêtu un forçat mort l’avant-veille d’une piqûre de serpent. Sur la mort et sur la vie il reprendrait sa propre existence à pied d’œuvre. Le temps ne lui enlèverait rien de sa force et de son vouloir… Appuyé à son gourdin, du fond de la forêt vierge, il défiait le monde et la société qui avaient voulu l’ensevelir vivant…

. . . . . . . . . .

— Non ! Séphardi… N’insistez pas. Ce serait odieux.