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ENTRE DEUX CARESSES

Sitôt le soleil perçu pour donner le sens à leur route, ils se mirent en chemin vers le nord-ouest.

Le jour se passa sans alerte. Fiévreux et ardents ils progressèrent ainsi qu’ils avaient calculé. Mexme avait trouvé, selon les avis d’un forçat expert, et savant en la matière, une sorte de ruisseau qui lui permit de rectifier la direction.

Ils dormirent comme la veille dans la toile de tente transformée en hamac.

Le lendemain ils continuèrent la dure route. Autour d’eux, les isolant du monde comme un océan, la prodigieuse forêt semblait maintenant les protéger.

Le soir du troisième jour ils arrivèrent aux terres stériles. Ce sont des sables micacés d’où ressortent les vertèbres anguleuses du sous-sol secondaire. Sur ces roches luisantes et basses, malgré la sécheresse, des plantes obstinées parviennent à implanter leurs radicelles. Ils étaient sur le sol aurifère…

Maintenant il leur faudrait descendre vers la mer, en oblique, pour trouver le Maroni à deux, trois ou quatre jours de marche. Par la bonne voie ils devaient le rencontrer au coude même où la traversée du vaste fleuve est le plus facile. On pouvait, il est vrai, remonter plus haut. Comme le Maroni décrit une vaste courbe, il serait possible de le trouver ainsi plus vite vers le nord. Mais en ce cas on abordait la Guyane hollandaise en sa partie la plus difficile, là où abondent, de plus, les Indiens aux oreilles tombantes, venus du Brésil.