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ENTRE DEUX CARESSES

rent un arbre aux branches évasées à deux mètres du sol.

— Dressons notre lit !

Avec une toile de tente et des cordes ils firent un hamac haut situé, puis se mirent à mâcher méthodiquement des biscuits militaires puissamment nutritifs, mais d’une dureté basaltique. Dans son sac, Mexme portait une bouteille d’eau additionnée de quelque ingrédient fébrifuge. Ils burent.

Le compagnon de Mexme était évadé depuis trois jours. Toutefois il n’avait pas quitté le camp des Serpents, et volait la nuit tout ce que l’indolence des sergents-surveillants laissait traîner. Il s’était entendu avec Mexme, qui depuis longtemps préparait ses approvisionnements pour une fuite difficile.

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L’ancien banquier s’était fait indiquer avec un soin minutieux tous les moyens de gagner le large. De vieux forçats, familiers des évasions heureuses, et que seule l’ivrognerie, la fainéantise ou quelque nouveau délit avaient pu ramener dans les fers, l’avaient documenté. Maintenant il ne mettait pas en doute la liberté conquise. Mais il fallait veiller…

Ils dormirent ensemble quoiqu’ils eussent prévu une veille alternée. Mais que surveiller au cœur d’une forêt géante où l’on peut passer à vingt pas les uns des autres sans se voir ni s’entendre ? Au matin, un peu lardés par les moustiques, ils se réveillèrent toujours dispos.