Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
ENTRE DEUX CARESSES

surtout près du placer Bonjour beaucoup plus haut, ils ont à gagner là-bas, tandis qu’autour d’un camp de forçats…

— Et où, le placer Bonjour ?

— Rien à craindre. Il est à vingt-huit kilomètres d’ici. Nous serons au Maroni quand ils sauront que nous sommes dehors…

— Tu espères ?

— Je suis certain, mais ne parlons plus, cela détourne l’attention et fatigue. Poussons. Je voudrais sortir de leur triangle au plus tard demain matin.

Ils continuèrent ainsi, fendant impassiblement la lourde et tropicale futaie. Derrière eux le silence se reformait et la trace de leur passage devenait insaisissable, sauf sans doute pour des chiens. Parfois, des bêtes inquiétantes, sitôt qu’ils avaient passé, venaient respirer doucement et cauteleusement la route des deux hommes. Devant eux, des fourrés nouveaux, invincibles eût-on cru, fermaient sans cesse le chemin. Ils passaient pourtant.

Mexme sentait, comme Antée touchant terre, des forces neuves naître en lui à mesure qu’il s’éloignait du camp de forçats.

. . . . . . . . . .

Ils s’arrêtèrent enfin dans une sorte de clairière, velue de mousses courtes.

— On fait halte.

— Oui. Mangeons !

La nuit allait venir, brutale et nette. Ils choisi-