Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
ENTRE DEUX CARESSES

naux du soir. Certains réclamaient pour Mexme une Cour martiale avec exécution immédiate.

Trois jours on se battit pour et contre, dans le prétoire, à coups de formules vengeresses et d’apostrophes incisives. L’inculpé avait en sa faveur — chose unique — tout le mécanisme judiciaire et il avait fallu choisir un Avocat Général jeune et arriviste pour le réquisitoire. Tous les autres s’étaient récusés.

Le jury avait été épuré par les récusations. On espérait tout de même, non seulement éviter la guillotine, mais aussi les travaux forcés et mener le condamné — car il le serait — dans une prison de réclusion où sa libération par grâce serait rapide et inconnue.

Mais la foule grondait autour du Palais de Justice. Une délégation de divers groupes amoureux de la répression était venue arborer une bannière noire, portant le mot « Punir » en lettres d’or, jusqu’à la Place Vendôme, devant le Ministère de la Justice. On criait ; « À mort Mexme » dans toutes les rues de Paris et trois cent mille petits bourgeois attendaient avec impatience qu’on montât la machine à tuer.

Douze questions furent posées au Jury. Il répondait Oui à l’unanimité moins deux voix. Tenu par la loi, mais libre de ne pas condamner à mort par la façon dont le questionnaire avait été rédigé, la Cour dut prononcer la peine des travaux forcés à perpétuité.

. . . . . . . . . .