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ENTRE DEUX CARESSES

Pendant deux mois, trente journalistes furent dévoués à calomnier le banquier. Des essais timides pour le défendre n’allèrent pas plus loin lorsqu’une nouvelle histoire vint compléter l’écrasement du malheureux. La femme de Mexme était disparue… »

Mexme avait-il assassiné sa femme et dispersé ses membres, ou s’il l’avait brûlée, ou si…

Ces questions furent posées partout et passionnèrent le public. La défense de cet homme sur qui pesaient tant de crimes devint impossible. Le grand avocat d’Assises Léonce-Ferran, qui avait accepté le dossier, se récusa. M. Joachim de Sivalles, le député, accepta seul de soutenir cette cause perdue, encore fut-ce surtout parce qu’il était le premier escrimeur de France et un tireur infaillible au pistolet, ce qui le mettait à l’abri des insinuations de la basse presse.

L’instruction du crime des Champs-Élysées fut donc noyée dans la débâcle des Pétroles Narbonnais et les recherches de Madame Jeanne Mexme, qu’il eut fallu retrouver pour tenter avec un peu d’espoir le sauvetage de son mari.

Devant l’opinion publique, Mexme était désormais condamné.

Le malheureux possédait, par chance, des réserves inépuisables d’énergie. Il batailla et se défendit, sans espoir, car il avait compris la défaite certaine, mais avec toutefois ce type de courage qui n’a pas besoin de réussir, comme disait Guillaume d’Orange, pour persévérer.