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ENTRE DEUX CARESSES

— À toi, Mexme, le costaud, le coin bleu, là-bas… Oui ! entre la souche qui penche et le pavé de trois tonnes. Que, ce soir, ça soit plat comme un billard…

» Je t’avertis que si tu te fais grouper par un serpent, tu y restes, j’ai perdu ma trousse hier. À moins qu’un des bicots ne me l’ait étouffée…

» Rasibus hein, ce soir, les buissons disparus. Et ne te planques pas derrière le rocher pour en écraser. D’ailleurs c’est plein de bestiaux empoisonnés. Méfie-toi… Rompez !

L’adjudant s’étant éloigné, l’ordre donné, le sergent-surveillant regardait autour de lui avec méfiance.

Rassuré il s’éloigna vers un forçat, jeune et féminin, qui de loin le dévisageait avec des yeux tristes.

D’un geste de la tête il lui fit signe de suivre, et se rendit près d’une énorme bille d’acajou. Là était une pierre cubique faisant siège il s’assit, le dos accosté au bois roux.

Le forçat vint devant lui.

— Mets-toi là, de façon à surveiller mes frappes. Dis-donc, sais-tu qui a bien pu faucher mes cordes, la toile de tente et cinq paquets de biscuits, les seuls où les vers ne se soient pas mis ?…

— Sais pas. Rien vu.

— Gaffe mieux. J’ai aussi perdu un sabre d’abatis, ça devient la barbe. Si je le ceinture, celui-là…