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ENTRE DEUX CARESSES

vigne, c’est le fil du téléphone, le poison des Borgia et la petite monnaie… La de Beers c’est le diamant, désir féminin que rien n’apaise.

Voici des noms de charbonnages, de mines d’or, de magasins et de sucreries, de tramways et de Music-Halls. Derrière tous ces vocables vous entrevoyez des milliers d’ouvriers blêmes qui œuvrent désespérément pour manger chaque jour, ou des femmes parfumées qui se préparent à aimer. En vérité, pensait Mexme, je suis bien plus poète que les faiseurs de vers. Une cote de Bourse c’est la vraie légende des siècles, c’est l’Iliade et l’Odyssée, c’est les Folastries de Ronsard et le Gargantua de Rabelais…

Il ouvrit.

La pièce était muette et semblait plus vide que de coutume. Sur le guéridon apparaissait une feuille de papier. Il prit et lut ceci :

Georges, je ne sais pas si lorsque ce mot te viendra sous les yeux tu seras vaincu ou vainqueur. Mais ma décision, et ce sera ton châtiment, vaut dans les deux cas. Je pars. Je n’ai pu me décider à te pardonner tout de suite. C’est que je t’aime et l’amour est dur.

D’ailleurs ce que tu as dit déjà, tu l’aurais redit. Une fois que les mots ont été prononcés, le chemin est tracé.

Dans un an je reviendrai. Ne crois pas que même alors je t’impose ma présence si elle te déplaît. J’ai décidé à tous risques. Mais ton accueil me dictera la conduite ultérieure. Si tu crois me voir ici outrepasser le châtiment que tu méritais, notre séparation sera alors définitive. Je