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ENTRE DEUX CARESSES

Mais Georges Mexme n’était pas venu là pour théoriser sur la beauté future.

Il songeait d’ailleurs à sortir déjà, ayant entrevu un personnage connu, dont il préférait ne pas être vu : un ancien diplomate, ami des arts, de la bohème et même du peuple, qui était ici à sa place. Le lieu renfermait, en effet, ces trois constituants du tiers-état, plus la police…

Mais une jeune femme vint d’un air ingénu s’asseoir à son côté. Elle était jolie, frêle et de tout petit module. La caresser devait être une besogne minutieuse de fine horlogerie. Avec cela un petit air insolent témoignait de son origine parisienne. Car les anciennes servantes issues du Morbihan ou de la Lozère n’acquièrent jamais cet air de négligent dédain qui est consubstantiel à la femme d’Île de France.

Aux premiers mots échangés avec cette statuette, Mexme constata avec gaîté qu’elle le prenait pour un de ces robustes rastas, ou faiseurs, qui ont transformé les cafés à femmes en atelier de travaux publics, ou encore, si l’on veut, en banques où l’on fait l’escompte des effets d’amour.

La jeune femme avait du goût pour ce type d’aventurier. Elle sut le dire et Mexme, par la naïve concupiscence qu’elle étala, se connut lui aussi transporté de désir.

Elle se nommait Aglaé. Ce nom Louis-Philippesque n’était pas sans charme et sans un léger parfum — moral — de cette bergamote, que vendait le Birotteau de Balzac.