Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
ENTRE DEUX CARESSES

Barleigne qui se trouvaient unis par une tendresse inattendue et sans doute purement provisoire. Le mathématicien Leviston, sybarite en rupture de Collège de France, traînait lui-même une ravissante jeunesse, rose et blonde comme une figure de keepsake.

Et Jeanne Mexme eut bientôt un cercle d’admirateurs, voire d’admiratrices, qui lui fit oublier Paris et ses brouillards, les Pétroles Narbonnais, les cours de Bourse, et cette phraséologie bancaire qui, comme celle des géologues, est un extraordinaire et cocasse mélange de métaphores poétiques, de barbarismes et de mots forgés par d’étranges mains… C’est alors que Jeanne apprit que des prospecteurs envoyés par Mexme rôdaient autour de Nice. On venait de découvrir du pétrole aux portes de la ville.

Dès que le bruit s’en fut répandu, la presse se jeta sur cette nouvelle. On prévoyait déjà la transformation de la côte d’Azur en une vaste usine. Une protestation violente s’éleva partout. Le rendez-vous des élégances du monde occidental serait bientôt une boueuse et puante série de réservoirs, de pylônes métalliques, de distilleries, et le royaume de la fumée… Horreur !… Le tollé fut universel.

Mexme, depuis le départ de sa femme, était devenu une sorte de despote oriental faisant trembler ses employés et ahurissant Paris de ses fantaisies galantes. Il aurait voulu que de Nice Jeanne sût tout ce qu’il faisait. Séphardi était