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Dehors, c’était la belle nuit de Paris, une nuit tiède et parfumée.

Heureux Athanase, il ne sait plus que sur son dos règne une robe de femme. Mary Racka, de même, ne se soucie plus de son pantalon mal accroché qui court risque, à quelque coin d’avenue, de mettre à l’air ses grâces décentes et leurs recoins. Elle se sait libre. Lui se sait libre. Ils ont traversé tant d’événements redoutés et frôlé tant d’abîmes ! Maintenant, l’heure est venue d’oublier.

Mary, cependant, tire de sa poche un somptueux collier de perles et, passant sous un bec de gaz, le montre à son amant.

— Tiens !

— Tu as pris ça au Chitterling’s ?

Elle fait oui de la téte et lui confie :

— Il est à moi !

— Maintenant…

— Toujours !

Et comme Sirup ne comprend pas, elle expose :

— Il y a quatre ans, j’étais la maîtresse de Jaroussion…

— Le milliardaire ?

— Oui ! Il m’a offert ce collier qui vaut huit millions. On me le vola. Jaroussion, convaincu que je l’avais vendu, me mit à la porte. Je crevai de faim et me mis voleuse pour retrouver surtout mon collier. J’ai couru après lui jusqu’aujourd’hui. Mon voleur l’avait donné à une Turque venue habiter ici. Je l’ai su à midi. À trois heures, déguisée en homme, je cherchais sa chambre. À huit, je l’avais trouvée. Elle y était, je l’ai ficelée avec des serviettes, j’ai repris mon bien et maintenant…

— Allons nous aimer plus pacifiquement, nous sommes riches.

Renée DUNAN.



1928 — Imprimerie de Fontenay-aux-Roses. — 38.920.