Page:Renee-Dunan-Le-petit-passionne 1926.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 44 —

pantalon viril porté par la pauvre malheureuse — le moment vient de la plaindre. La vérité m’oblige à avouer que ce fut en vain.

Alors, relevant d’une bourrade l’audacieuse, mais désormais pantelante personne, il, si j’ose dire, la déculotta. On trouvera dans l’Europe galante, du diplomate Paul Morand, homme chaste et vérécundieux, comme tous ceux de La Carriére, des détails complémentaires, sur ce qui s’ensuivit. Paul Morand, toutefois, met en scène un politicien portugais et un terroriste de même pigment, ce qui ne laisse pas de comporter des dangers d’immoralité plus graves que mon histoire, puisque au moins, ici, mes héros sont de sexes différents…

Ainsi, Sirup tira vengeance de la tentative d’assassinat qu’il venait d’affronter. Je dois dire, à la décharge de la vaincue, qu’acceptant, sans doute, comme un auguste témoignage de la justice immanente, les actes de Sirup, elle ne fit aucune protestation. Mieux, elle subit, avec une sorte de satisfaction, l’énergie envahissante de son adversaire. Il arriva même que cette satisfaction s’aggrava, jusqu’à ressembler — le sol était dur pourtant, et la situation plus propre à inquiéter qu’à réjouir — jusqu’à, dis-je, ressembler à du délire…

Et James-Athanase Sirup s’entendit dire :

— Ah ! mon chéri, mon chéri !

— Nom d’un chien ! pensa-t-il, je connais cette voix-là.

La femme reprenait, avec des hoquets de luxure.

— Ah ! je t’aime !

— Il est bien temps de le gueuler, grogna l’autre qui se souvenait de deux mains aggripant sa pomme d’Adam tout à l’heure avec des intentions nettement maléfiques.

Cependant, toujours heureuse, la possédée recommençait inconsciemment de crier :

— Mon amour !…