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— En femme ! répéta Margot avec stupeur.

— Oui. Tu me prêteras des vêtements à toi, je pourrais peut-être sembler une servante de l’hôtel et m’en aller ainsi sans difficulté ?

— Je n’y avais pas songé, s’exclama-t-elle.

— As-tu ce qu’il faut pour m’habiller ?

— Oui !

— Alors, ça va ! Pourrais-tu me mener dans un endroit moins exposé que cette chambre ?

— Tu y es en sécurité. Les locataires ne rentrent jamais avant quatre heures du matin.

Ils examinèrent alors avec soin les détails de cette sortie art nouveau, et Sirup commença de se rassurer sur son avenir…

Pour en témoigner, il offrit diverses qualités d’hommage à la gracieuse Margot. Il se trouvait, comme d’ailleurs le veut un optimisme sagement compris, qu’elle fût voluptueuse et portée pour les agréments amoureux. L’éducation de Sirup, à ce propos, était courte, mais bien présente à son esprit. Il acquit sur cette âme faible, enfermée dans un corps vibrant, une domination presque totale. Margot ne voulait plus qu’une chose, ce qu’il voulait lui-même. Elle n’ambitionnait que de complaire à ce galant, expert à créer dans ses nerfs des frissons de délices.

Bientôt, le soir tomba. La femme de chambre avait fait dans l’hôtel diverses excursions au titre explorateur. Elle apporta à Athanase Sirup une robe, un joli tablier blanc et des chaussures à hauts talons. Il se trouvait qu’il eût le pied fin et elle un peu grand. Cela s’accordait ! Il restait le problème de la chevelure.

Quoique les femmes, aujourd’hui, aient supprimé le chignon, et réduit beaucoup leur encombrement capillaire, Sirup, qui avait les cheveux ras, pouvait mal, de ce chef, passer pour femme.