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forfait contre la pudeur, celui-là. En effet, elle n’avait qu’un minimum de gestes à faire pour, de bienfaitrice, devenir maîtresse. Elle accomplit donc le nécessaire et les larmes de Sirup, sous l’influence d’un nouvel émoi, disparurent aussitôt. Il s’adonna sans plus à l’amour, avec l’ardeur d’un naufragé cramponné à une bouée. Cet enthousiasme eut une forte répercussion sur la tendre quarantenaire. Elle manifesta, par des interjections à la fois extatiques et douloureuses, par des appels sans rime ni raison et par des onomatopées satisfaites, que Sirup qui avait failli l’assassiner, courait désormais le risque de lui donner la petite mort…

La scéne se doubla d’un second exercice de même façon. Mais comme les yeux de Sirup, durant sa pâmoison, étaient tombés sur le cadavre, fruit incontestable de sa violence laborieuse et impitoyable, la femme comprit que la proximité de ce personnage, muet et sourd, pourtant, n’était pas favorable à la recherche des sensations délicates, et elle mena Sirup, pour jouer ce nouvel acte, dans la pièce à côté…

Mais on ne saurait, même, et peut-être surtout après une mise à mort aussi dépourvue de préparations, s’adonner aux jeux de la passion de façon trop répétée. Et puis, la présence de ce mannequin qui dormait pour si longtemps dans un lit voisin, refroidissait Sirup. On aurait tort de se moquer de lui à ce propos. Tout le monde n’a pas l’habitude… Bref, il finit par penser que cette chaude amante avait vraiment un peu trop de calorique et qu’il serait très doux de ne plus s’occuper enfin exclusivement d’occire et de créer. Pour autant, bien entendu, que ces actes, qu’il venait d’accomplir avec la femme ou la maîtresse de l’assassiné comme compagne, eussent vertu créatrice, ce qui reste douteux.

Il se leva lentement et, fort altéré, revint boire un verre de rhum Faustin. Ensuite, il songea qu’un départ rapide complèterait joliment le tableau. En somme, quoique le